
Cette ségrégation initiée par les colons allemands sera maintenue et renforcée par les Britanniques, qui reprennent le territoire après la première guerre mondiale. De nouvelles constructions se multiplient dans la zone de Uhindini et Upanga, principalement effectuées par les commerçants asiatiques, spécialement indiens. Ces bâtiments se veulent souvent le reflet de la prospérité croissante de ces familles, visible notamment à leur élévation à plusieurs étages, et de la volonté de ces commerçants immigrés d’affirmer leur implantation, en gravant leur nom sur la façade. Malheureusement, ces traces d’une partie de l’histoire de la ville sont également de moins en moins nombreuses. Un bon nombre de ces bâtiments ont été détruits, et beaucoup de ceux qui sont encore debout sont menacés de destruction.

Lorsque la Tanzanie accède à l’indépendance, en 1961, une série d’immeubles construits dans le style moderniste a déjà vu le jour, principalement des bâtiments publics. L’architecture inspirée par le mouvement moderniste international était en effet considérée par une partie de l’administration coloniale comme adéquate à l’expression d’une gestion efficace, centrée sur le bien-être de la communauté.
Le passage à l’indépendance n’est pas marqué par une révolution et les bâtiments coloniaux ne sont pas détruits. La nouvelle nation tanzanienne reprend donc les bâtiments administratifs existants à son usage et la continuité prévaut dans les choix architecturaux. La nécessité d’endiguer l’explosion des constructions informelles et la formation de quartiers pauvres et souvent insalubres, liées à un exode rural croissant, s’accompagne également du développement de logements fonctionnels, dans la veine du mouvement moderne et qui correspondent à une certaine idéologie socialiste.