Raconter, pour que quelque chose ne meurt pas en soi; nommer le monde avec les mots qui sont de soi, pour appeler les autres à faire de même, pour ne pas laisser le monde se détacher de soi et risquer de le voir s’éloigner, doucement, à la dérive de notre inconscience; pour apprendre, enfin, à s’en dessaisir.
se maintenir en éveil
chercher à se hisser au-dessus des murs
« [… ] la banalité n’est jamais banale, et […] le travail de l’anthropologue, c’est, derrière ce regard horizontal qui nous rattache à l’autre, de travailler à exhumer le regard vertical, c’est-à-dire la dimension totale, anthropologique de notre histoire, et de réussir à mettre en exergue la complexité des actes de notre quotidien. »
Pascal Dibie, qui prône une ethnologie ouverte et responsable, voire même « d’action », insiste sur l’importance de cette « intuition de présence », qui entraîne que la question de l’altérité se pose obligatoirement, explique-t-il, en termes de dialogue: « de partage de la parole où autrui apparaît comme une vraie présence là où le concept ne le considère qu’en lui substituant des formules. »
Pascal Dibie, in « Comment je suis devenu ethnologue », dir. par Anne Dhoquois, Le Cavalier Bleu, 2008, pp. 70-71.